Les loisirs d'une grande vacance
Les loisirs d'une grande vacance ou Journal, curieux, plaisant, Historique, critique et Geographique d'une voyage fait et entrepris, dans le mois d'Aout 1774.
Chapitre Premier
Le Lundi, 1er d'Aout[date 1] nous partimes, deux maitres, une maitresse, un enfent femelle, trois domestiques, six chevaux, un charriot et une chaise, car il vous plaira de scavoir, que ces derniers nous l'avions loué, pour tout le voyage, la chase a 28 Schel:, et le chariot a vingt quatre Schel:, particularité digne de tout lecteur attentif et qui demontre qu'un habile Œconome a par jour, deux roues de plus, pour quatre Schel: de moins = or ainsi equipés, a peine le soleil levé, et dix heures sonnés nous quitames Middenburg, et de la nous ne fimes qu'un saut jusqu' a Harlem, en crivant, s'entend, car dans le fait nous mimes six mortelles lieus a traverser le mauvais chemin; nous mangeames un Watervis. Je, comme de raison, au bois de Harlem, il fut bon, et le seul bon au reste[logement 1] point de rot, aucun ragout, des valets mal adroits, un hôte precisement fou, et de lenteur insupportable[ommission 1] = ainsi il falloit repeter, crier, quereller.
Le soir vint nous arrivames enfin au Beverwijk.
Chapitre Second
C'est ici[date 2] le pays des promenades et des campagnes = Les chemins sont des Alleés, et ces Alleés ont a droit et a gauche, des points de vues charmantes = il fait beau de s'y egarer, et nous l'eprouvames en revenant de Rome, auberge, qui se nomme ainsi, et qui est a un quart du lieuve du village, ou plustot de la ville, car en bon critique, et en bon Hollandais, je dois dire de Steede Beverwijk[ommission 2] = il est vrai, qu'elle n'a point des portes, mais elle a des Prvileges des villes, et chacun scait, que des Privileges valent mieux que des portes =
Apres ce morceau d'Histoire, je dois parler un peu Geographie, et dire foi de cocher, qu'on nous nomma deux routes pour parvenir a Alkmaer,
- l'une par Castricum, et les Egmonden, fameuses par leur nom, par leur Abaye, par leur chateau,
- l'autre par Uytgeest, Lemmen et Heyloo
Nous primes la derniere, sans amour propre, et ne consultant que l'interet, et l'aisance nos chevaux, point essentiel, universel, jusqu'ici, puisque, sur tout au chariot nous en avions toujours de fort mauvais.
Uytgeest et Limmen n'offrent rien de particulier = Heyloo est fameux par Sint Willebrorde, qui autrefois, il y a mille ans, parodia moise, frappa la terre de son baton, et, comme tout le monde scait, il en sortit aussitot une riviere, qui depuis coula dans un puits, lequel puits se montre aux croyans jusqu'a ce jour
Nous fumes al Alkmaer[logement 2] vers l'heure du diner, pourvu qu'on le prenne un peu tard et a quatre heures = d'abord apres il fallait une voiture, pour faire le tour de Bergen et Bergerbosch, et pour revenir par Egmont op de Hoeff a Alkmaer.
Le bois nous parut bien beau, et d'autant plus, que c'etoit la simple nature, sans que l'arteut beaucoup aidé a faire les chemins, et les Alleés = attenant a ce bois ci, se trouwe un autre, nommé Rampenbosch, que nous traversames pour parvenis a Egmont. C'est le lieu ou se trouve le chateau des anciens comtes de ce nom, dont il ne reste plus, ques des masures, et de morceaux de tour et de murailles, qui tombent de jour en jour.
Le cour en est tres fort remplie, tellement, qu'on n'y marche, qu'avec peine, et que nous pumes distinguer, qu'une espece de portique, ou de porte, qui aurait servi d'entree
L'honnete Schout du village nous le fit voir, car le Magister n'avait acces, qu'a la seule eglise, et nous montra les deux statues en cuivre du premier Comte d'Emgmont, et de sa femme, couchées pour la proprete sur un petit lit avec des rideaux en falbala.
Nous revinmes a neuf heures.
Chapitre trois
Le lendemain[date 3] matin fut employé a voir la ville, qui comme la capitale de la N.H. nous parut assés grande, propre, mais tranquille.
La maison de ville a des tres bonnes chambres, plusieurs differens departemens; et la grande eglise est renommée par son Orgue, aussi grande et belle, que celui d'Harlem et puis par les cendres ou les entrailles, d'un des Comes de la Hollande, celui, qui fut tué par Gerrit van Velsen.
Apres diner, ce qui cette fois fut de bonne heure, nous partimes pour Purmerend. Notre chemin fut le plus beau, par Schermerhorn; Le Beemster, et le Rijp.
Le premier village, est un village comme un autre, mais le Beemster est un endroit charmant. Vingt Alleés a perte de vue, larges, que trois, quatre, voitures s'y passent sans s'embarasser. et qui le croisent d'espace, en espace, forment une perspective unique. Nous primes le Thee a un auberge au Middel Beemster[logement 3], nous y trouvames un monde prodigieux, que le beau tems et la Kermesse attireront je fus voir la fameuse Betje Bekker, elle me recut foit bien, en quatité de Zelandais, et de compatriote, et de la nous partimes pour le Rijp, un des beaux, et grandes villages de la N. Hollande, situeé a une demi lieue du Beemster, et d'ou en faisant un petit detour, on retrouwe encor des chemins superieurement beaux, qui menent jusqu'a Purmerend[logement 4] = ville jolie, et petite, qu'on voit dans une demie heure, et qui n'offre rien de particulier.
Chapitre quatre
De Purmerend, notre route menait[date 4] par Edam, Monnikendam et Boek, a la grande ville de la Zud Hollande. Toujours de beaux chemins, et des preuves ouvertes de la richesse du Pays[place 1], de coté et d'autres, formerent le passage jusqu'a la premiere de ces villes, que nous ne fimes qua traverser.
A Monnikendam nous nous arretames une heure pour parcourir la ville et avoir la vue du Zuijder Zee et de l'Isle de Marken, et ensuite pour voir la maison de ville, qui ne le vaut gueres, ou plustot point du tout = un certain Toison d'or, donné dans les premieres queres, par L'Amiral Bossu, a un certain Bourgemaitre, et qui etait a voir, nous y engagea, mais ce meuble pretieux, etait sous la clé d'un autre Bourgemaitre, et celui ci etait malade, ainsi nous ne vimes rien que des appartemens etroits, mal propres, et mal sentans.
Vint ensuite ce village fameux, par sa propreté, par la singulier structure, et la bizarre peinture, de ses maisonnettes de bois, et par la richesse de ses habitans.[place 2]
Personne de nous ne l'avait jamais vu, et chacun en etait ravi = des edifices si propres cette bigarure de couleurs et ces petits jardins ornés de cent colefichets, et entre coupéedes rues, qui ressemblent a des cours interieures, font un spectacle singulier, mais piquant, mais unique dans son espece = toutefois il restait quelque chose a desirer toutes ces maisons etait fermeés; meme l'eglise, que nous aurions vu volontiers, mais ou, par malheurle ministre ensignait les petits villageois, et la difficulté etoit d'entrer chez des gens, qui ne sont gueres accoutumés a recevoir sans façon des etrangers = cependent l'hotesse d'auberge, ou nous dinions, s'avisa de nous dire, qua le Stadhouder avait entré chez un Mr Ploeger, et chez un Bourgemaitre Schoon, et, sans deliberer nous ecrivames un beau billet, dans un Stile eloquent, et qui s'addressait d'abord au premier, pour avoir la permission, de lui tirer notre reverence, et de voir son Cabinet et sa maison, mais celui ci etait dehors, je ne scais ou, le même billet, avec un petit changement, servit pour le Bourgmaitre, qui en consequence nous reçut a la petite porte, car la grande ne s'ouvre, qu'en fait de mort ou de mariage, et ainsi nous parvinmes, jusqu'a l'interieur de cels autels de bois parés = nous y trouvames trois ou quatre chambres de pleins pieds, garni de vielles cheminées, des fort beaux bedsteeden, et des enormes armoires, de bois noyer, qui a force de froter servoient a la foi de garde meuble et de miroir = ensuite un tres petit, ornée d'une grande Statue et de cent colefechets de differentes couleurs, et tres artistement arrangeés, au bout de quel etoit un espece de Sallon dont la vue donnait sur des prés et du betail du Bourgmaitre, homme, qui vivait avec une servante, et nous reçut en robe de chambre, et avait quelque nonante mille florins a depenser, le tout modestement calculé, a deux et demi pour cent.
Un autre Spectacle[logement 5], d'un genre different, mais plus grand et plus imposant nous donna la ville d'Amsterdam, du coté opposeé de L'IJe, scavoir du Tholhuijs, ou nous prime du Thee, et d'ou nos voitures furent transporteés, avec nos personnes a la fois, pour la somme de vingt neugt Schel: = rien de plus beau que cette vue d'une des plus considerables cilles de L'Europa, et de ce foret immense de vaisseaux, qui forment le Laag, et entre les quels nous voyaumes, avec un beau tems, et un vent favorable = a Sept heures nous remimes pied a terre, nous fimes une petite promenade et nous creupames un logement commode et beau au Oud Zijds Heeren Logement.
Un cocher fort honnette,[logement 6][date 5] et fort marché nous offrit six chevaux, a vingt quatre florins par jour, pour nous mener le premier a Soutsdijk, le second a Harderwijk, et revenir lui seul le troisieme ce qui, compte fait, faisoit trois jours, et soixante et douce florins = apres des complimens de part et d'autre, nous accordames, pour soixante frans, et les depens en de ça, pour notre compte.
Le matin a dix heures nous quitames Amsterdam, pour aller a Wesep, que nous ne fimes que traverser, et de la par Muijden, a Naarden.
Muijden est une petite ville, située au bord du Zuijderzee, et fameuse par son chateau, tant connu, dans nos anciennes histoires, et maintenant approprié en dedans a la moderne = on m'y montra, outre une vue charmante au dessus de la tour, encor au fond de la cave, la prison, ou l'on a tenu pendant quelque jour le malheureux Floris, Comte d'Hollande = cela offrait des traces de l'horreur, et de la barbarie de ce tems reculé, et le Logement d'un Souverain captif, fut le fond d'une cave, et un plancher garni avec des chaines de fer, aux quels il etait lié.
Naarden, ou nous dinames fort pauvrement, attendu que l'hote[logement 7] etait mort, l'hotesse malade, et la servante apoplectique, est une bien triste ville. = toutefois nous trouvames au Stadhuijs, un belle tête de morte, dans un tableau qui representoit l'etre chitif d'un certain Baillu, qui autrefois avait volé une rache = Puis nous vimes d'autre têtes, vielles et jeunes a la maison d'orphelins, et pour cloiture une manufacture de velours, dans une petite sale bien basse, et bien mal propre.
Bientot las de Naarden, nous fumes empressés de voir Goijland = le premier village, que nous passames sans même nous en appercevoir, nous mentait enfuite par des beaux chemins et de vues charmantes, jusqu'a Hilversum, ou nous arretames pour faire une promenade au Trompenberg, a une demie lieue, de la = c'est une hauteur d'ou dans un coup d'oeil, l'on apperçoit tout le Gooij, des plaines entieres de Boekwijt, des hauteurs, des valées, et vingt trois de villes et de villages differens, enfin il faut avoir eté la, pour pouvoir de former une ideé, de l'agreable perspective de ce paijs.
A Soestdijk[logement 8], ou nous arrivames vers huit heures, l'auberge etoit remplie de monde tellement, qu'a piene ou pouvait nous loger, nous nous arrangeames cependent, tant bien que mal, et un souper assez bon se ressentit de notre mauvais diner.
Il se trouve pres de Soestdijk[date 6] une campagne qui autrefois appertenait a Mr. Deutz, et qui fut achetée par le Princesse Anne, La on se promene par des belles alleés, et puis on va voir la maison du Prince, qui excepté quelques tableaux de chasse, n'offre rien de rare, qu'un ameublement de Chine rempli d'Orangers = Le Wildbaan nous parut fort beau, et fort grand, puisque il a 180 Morgen d'etendue, et qu'il contient 400 cerfs, dont nous n'en vimes, qu'un seul.
En quitant Soestdijk la scene changea, nous passames par Eemhuy, Bunschooten, et dinames du bon poisson, sans rien de plus, a Spakenburg, village maritime. = de la, toujours le long de la mer, et dessus une digue, nous primes le Thee au Steenkamer, auberge de paijsans, a trois lieus de Harderwijk, ville Gueldrone, que nous atteignames le soir a sept heures, par un chemin, encor garni de Boekweit, et pres de la ville, par une grande Alleé d'arbres, et au bout de celle la, par une espece, de torrents riviere, ou Beek, comme on voudrat l'appeller.
Harderwijk[logement 9][date 7] La Seconde ville Gueldroise du Quartier de Veluwe, est situee au bord du Zuijderzee, et connue par son Academie, dont nous vimes le matin le Batiment, la Bibliotheque, et le Hortus Medicus, = Le premier ne contient qua deux pieces, un Auditoire assez bon qui sert a toutes les facultés, et l'autre servant a la Bibliotheque, qui, quoique pas extremement volumineuse, nous parut bien assortie, sur tout en ouvrages modernes, et d'importance, et tres proprement conditionné, quand aux relieures[1] notre bonheur voulut, que nous y rentrames un Mr. Scheidius, Professeur en Langues Orientales, et en Theologie. = Ce galant homme nous montra quelques vieux Manuscrits, et les Tables d'Albunius, les plus exactes, puisque il avoit gardé cet Exemplaire pour son propre usage = il nous fit promettre en même tems que le soir nous reviendrons chez lui pour nous mener a une petite campagne, dont le sallon avoit une belle vue, sur la mer, et sur les environs de la ville = en le quittant, nous fumes a l'Hortus Medicus, qui nous parut fort ordinaire, et ou nous trouvames un Laboratoire de Chemie fort sale, et fort poudreux, comme de raison. Pour passer l'apres diner, l'on nous avait dit, qu'il fallait aller a une campagne de Mr. Westerveld appellé Essenburg et situé une heure de la ville = nous y trouvames un assez beau Herrebosch, avec des Alleés plustot longues que largues, et une cascade, a coté de laquelle nous primes le Thee, pour revenir chez notre Professeur vers sept heures = il nous mena comme il avait promis, a un salon, dont la vue etait charmante, et qui appartenait aux Muntmeester de la Province.
Enfin il nous fit traverser une tres jolie Promenade, nommé Le Plantage de Harderwijk, et nous ramena a notre Auberge, tres contens, de sa politesse prevenante, pour des genns qu'il n'avait jamair vu, ni peut être entendu nommer.
Nous reçumes encor ce matin[date 8] un billet de notre honnette Professeur pour nous indiquer la meilleure auberge a Campen, pour ou nous partimes a onze heures, apres avoir vu encor a Harderwijk La Mannoye et saivi a peu pres la façon, dont on fait l'argent, depuis le commencement jusqu'a la fin, selon les instructions du maitre, qui lui même eut la bonté de nous montrer le tout =
Nou parvinmes[place 3] par un chemin sablonneux et ennuijeux jusque pres de Elburg ou les environs nous parurent fort agreables, et qui semble situee au milieu d'un bois = Le ville même cependant n'a rien de particulier que de jolis remparts = nous y fimes un assez bon diner de poissons et de quelque viande; et notre bonne fortune voulut encor, qu'un Officeur de Cavallerie, nommé Bronkhorst, et arrivé fraichement de Campen, indique un autre Logement, a notre chere et jolie Gouvernante, et nous apprit ainsi, que l'Addresse du Professeur n'etait pas la meilleure = il nous nomma Le College, ou Wijhuijs, au Nieuwe Markt, ou nous debarquames vers les huit heures; sans avoir vu entre Elburg et Campen rien de bon, ni de beaux, a moins qu'on veuille appeller ainsi des tourbes, faites de la merde de vaches, et montrant plustot quelque chose de degoutant que de rare =
A peine avions nous cru de trouver une auberge ordinaire, et nous en trouvames un, tellement grand, moderne et propre[logement 10] qu'excepté Amsterdam, nous avions ete mille part mieux = notre Souper appreté dans un couple d'heures etait bien bon, aissi, mais ce qui nous surprit et nous enchanta sur tout, fut la vue sur L'IJssel, au pont, nommé le Langebrug, sur lequel nous allames nous promener le même soir = Le tems etait beau et calme, Le soir tombait, la riviere etait tranquille, L'ombre des batimens de la ville, se repetait dams l'eau, en un mot nous etions frappé d'une situation si belle, et si peu attendue, et nous ne retournames a notre auberge, qu'avec regret, et dans l'attente de revoir le pont, le lendemain, le plus tot possible.
La maison de ville a Campen[date 9], n'a rien de bien particulier, qu'un chambre ou les Bourgemaitres et les Echevins se rassemblent pour decider en dernier ressort, des grandes choses = il est orné des portraits de Stadhouders, et le bane, ou les Avocats se tiennent pour plaider, est plus singuliere encor, attendu, qu'ils Doivent parler, par des ouvertures de bois, assez semblables aux fenetres =
La grande Eglise, est grande, son orgue est grand, et voila tout = nous fumes ensuit a la Parade de cent automates Bleux a la file rangés, qui firent des pisonnettes a droit et a gauche, et furent battus de tems en tems, pour la beauté du Spectacle, et l'edification des Spectateurs = apres nous retournames a notre pont, mais un tems pluvieux, et un vent assez fort, en rendaient la vue moins frappante, que la veille; toutefois en partant vers les onze heures, nous le passames pour la troisieme fois, et nous fimes encor, arreter nos voitures du coté opposé, pour le reguarder dans le Lointain.
Arrivés a Geenemuijden nous traversames L'eau appellé Swarte water, et vers l'heure du diner nous fumes a Vollenhooven, petite et triste ville d'Overijssel, mais ou tout voyageur doit s'arreter[place 4], s'il aime a être servi vite, a voir un diner tres bon, et un vin excellent a L'auberge de Schoole.
Apres midi nous passames par Blokzijkziel, pour nous arreter a Klundert, dernier village d'Overijssel, sur les Frontieres de la Frise = il ne consiste, que dans une seule rue assez longue, fort etroite, et garnie de coté et d'autre de Luijffels devant chaque maison; perspective singuliere, et que depuis nous recontrames plus souvent dans la Frise, Province, dans laquelle nous entrames par Slijkenburg, et le Lemmer, ou l'hote, qui nous devait loger[logement 11], avait la maison pleine, et ou nous fumes cette nuit tres a l'etroit, tres mal servis a souper, et tres tumultueusement couchés.
[date 10]Jouwer, et Heeren Veen, sont les deux villages, ou Vlekken les prus renommés de la Frise, et comme il y avait moyen de les voir dans un jour ensemble avec L'Orange woud, nous ordonnames une voiture, a six placs, et a quatre chevaux, et la dessus, ou nous servit d'un chariot de poste, mais qui cependent ne cahotait pas extremement, et qui avec des portieres et des glaces = nous nous empaquettames a dix heures, et fumes d'abord a Oranjewoud[place 5], maison de plaisance, du Prince d'Orange, consistant en deux corps de Logis ou plustot deux ailes auquel l'on aurait joint un troisieme si autrefois Le Prince Jan Willem Friso ne s'etoit pas noijé au Moerdijk = tant il y a, que maintenant la premiere aile sert a loger notre Serenissime, et n'a que des vielles chambres, et des vieux portraits, et l'autre sert a loger sa Site, depuis le Chambellan jusqu'au marmiton = apres cela suivent des Orangers, droit et courtes des Lauriers a trois, quatre etages, une belle et grande Alleé, que nous vimes et un bois que nous ne vimes pas, attendu, qu'il fallait se depecher a Heeren Veen[place 6], ou l'on nous servit bravement des cortelettes et des aricots et ou ensuite nous vimes L'eglise fort nettement meubleé, et les rues, et les quais, et les maisons de trois Grietmans, dont les Griettenijen s'unissent dans ce même endroit de sorte, que trois parties du Heerenveen portent trois noms differens. =
Le Jouwre[place 7], eloigné de deux lieues de marche de Heerenveen, est un endroit bien beau = qu'on s'imagine une rue tres grande, et tres ample tirée au cordeau, et aboutissante a la maison de Campagne du Grietman, dont L'Alleé principale, continue cette vue, et forme la perspective, = qu'on y ajoute toujours, et par tout des Luijfels, qui forment une espece d'uniformité, et puis une propreté charmante, et l'on pourra se former une ideé de ce village = nous retournames apres notre promenade au Lemmer, ou cette fois nous trouvames plus de tranquillité, et un meilleur souper. =
[date 11]Il y a deux routes, qui menent de Lemmer a Harlingen = la plus eloigneé fut celle, que je puis, et qui cotoije La Mer, J'avertis le lecteur, que la Frise est parsemee de villages, qui souvent ne consistent, que dans peu de maisons, et que ces villages portent des noms, anciennement frisons, mais qui maintenant semblent barbares, et qu'ainsi ces noms la sont horribles pour retenir = Fakouje fut le premier que je passais, c'est un endroit, ou, encor il y a une port tres favourable aux navires, qui voguent vers le Lemmer, et qui ont le vent trop contraire pour aller en droiture = puis il faut se faire l'oreille a Nieuw Merdum, et Old Merdum, et a Laattum, avant que de parvenir a Staveren, la prus ancienne ville de Frise, mais peu abordable au vaisseaux attendu qu'il[place 8] se trouve un grand bane de sable, ou pour la vareté, il exoit des Koorenhalmen, parce qu'autrefois, il y a eut une riche veuve, qui dans une disette avait acheté tout le bled, et apres l'avoir laisse pourir l'avait fait jetter dan la mer, au meme endroit ce bled s'arreta, fit un bane, et donne des Koorenhalmen, mais sans fruit, comme tout le monde scait. =
Puis on arrive a Molquerre[place 9], village bizarrement fameux, qui ressamble assez a un camp volant, ou les tentes sont mises au hazard, qui est horriblement pavé, qui est desert, et qui n'est ni beau, ni jolie =
Suit la ville de Hinloopen[place 10], que je ne fis, que traverser, et puis Werkum[place 11], autre petite ville assez riante, ou je retrouvais ma chere Gouvernante, et son Seigneur et maitre, qui avaient pris l'autre chemin, rencontre, qu'il ne fallait pas omettre au Journal, puisque il fit un plaisir bien grand a un Auteur = La nous voiturames a Harlingen, par Makkum et Haarsum, et arrivames a huit et demie au Heeren Logement.
Harlingen[date 12], la ville la plus grande et la plus peuplée de la Frise, apres Leeuwaarden, nous plut beaucoup = nous y fimes une tres grande promenade, mais la maison de L'amirauté etant bruleé depuis peu, il n'y restamt pas grand chose a voir, excepté l'Eglise, qu'on etait occupé a batir = ainsi nous nous depechames, vers les onze heures, pour arriver a Franeker[place 12], L'Academie de la Frise, et eloigneé de Harlingen, seulement de 3/4 d'heure. = nous vimes la, premunement le Hortus Medicus, ensuite la maison de L'Acadmie, et sa Bibliotheque[2], plus grande, que celle de Harderwijk mais moins moderne, et ou nous ne rencontrames pas un honnête professeur, pour nous montrer le plus beau = a cinq heures nous partimes pour la Capitale, nous passames bien des villages finissants, en um, dont je n'ai retenu, qu'en un seul, nommé Belkum ou nous primes le Thé, et dans moins de deux heures, un bon cocher, nous mena a Leeuwarden[logement 12], ou nous fimes encor se soir, un petit tour, et dont nous admirames, de lors la grande garde, garni de quatre Canon, et de deux mortiers, et respectable a faire peur.
References
Places
- ↑ Edam
- ↑ Broek
- ↑ Elbeurg, Haasse
- ↑ Blokzijk, Klundert
- ↑ Oranjewoud
- ↑ Heeren Veen
- ↑ Jouwre
- ↑ Staveren. Il n'autrait pas fallu oublier une hauteur pres de cette ville, appellé Le Klift, d'ou l'on voit, toute la côté de la N. Hollande, et une grande etendue du pais Frison.
- ↑ Molquerren
- ↑ Hinloopen
- ↑ Wercum
- ↑ Franeker
Dates
Logements
- ↑ Beverwijk, Heeren Logement
- ↑ Alkmaer, Vieux Doelen
- ↑ Beemster, Kronenburg chez Biesselman
- ↑ Purmerend. Doelen
- ↑ Tolhuijs
- ↑ Amsterdam, O.Z.H. Logement
- ↑ Naarden, Vliegend Hart
- ↑ Soestdijk, Prince huijs
- ↑ Harderwijk, Witte Swaan
- ↑ Compen, Collegie ou Wijnhuijs
- ↑ Lemmer Heeren Logement
- ↑ Leeuwarden, Heeren Logement